Depuis quelques jours des jeunes originaires de Dakhla tiennent des sites in devant la délégation régionale des pêches à Dakhla, protestant, disent –ils, contre la gabegie et l’exploitation irrationnelle des richesses halieutiques de la région. Cette exploitation destructrice serait, selon eux, le fait de chalutiers hauturiers, notamment les RSW,  qui seraient nuisibles à l’environnement et par de là à la faune et à la flore aquatiques. Les RSWsont des chalutiers utilisant l’eau de mer pour rafroidir le poisson et lui garder sa fraîcheur.
Pour en savoir en plus et afin de mettre le lecteur au courant, Libé a demandé à Monsieur Hormatallah Mohamed Lamine, Président de l’association des armateurs marocains de pêche pélagique  de l’Atlantique sud de nous mettre au parfum de la véracité  de ces accusations.
Question : Monsieur le président, l’association des navires pélagiques RSW fait beaucoup parler d’elle. Pouvez-vous nous dire ce que sont les RSW.
Réponse : les navires RSW en anglais ( Refrigerated Sea Water ) est un système de refroidissement du poisson par eau de mer . Il permet de faire descendre la température du poisson fraichement pêché de  20 degrés à 1 degré dans un délai allant de 7 à 8 heures. Ce procédé qui utilise l’eau de mer, ne nuit, en aucun cas à l’environnement et permet de ramener a quai  un poisson d’excellente qualité et qui avait été pêché un à deux jours, auparavant.
Question : Quels sont les avantages de ce nouveau procédé par rapport au système pratiqué par les anciennes flottes ?
Réponse : Les anciennes flottes sont la flotte pélagique constituée de bateaux  congélateurs et la flotte côtière. Il est évident qu’il n’y a  aucune comparaison possible. Les chalutiers congélateurs ne créent pas de valeur ajoutée à terre. La création d’emploi est très limitée car le procédé de valorisation qui est la simple congélation reste basique, alors qu’un poisson débarqué à l’état frais permet toute une panoplie de valorisation. Pour chaque emploi créé en mer par un RSW il se crée 50 emplois a terre. Ramené a la tonne pêchée la valeur ajoutée crée par les RSW est largement supérieure
Question : Qu’en est-il de la competition avec la pêche côtière ?
Réponse : Je dirais que compétition  n’est pas le terme approprié car chaque segment rempli une fonction en rapport avec ses spécificités. Le navire RSW est un bateau beaucoup plus grand et beaucoup plus efficient. Ses performances lui permettent de pêcher toute l’année même en mauvais temps. Cette faculté permet de créer des industries à terre avec des emplois stables et permanents : ceci comme vous le savez renforce la qualité du capital humain dans une région dont il constitue le socle du développement. par ailleurs le rayon d’action de ces navires est beaucoup plus grand que celui de bateaux plus petits ; ceci permet d’aller chercher le poisson là où il se trouve .
Question :  on dit que vos navires pêchent d’autres espèces que le poisson pélagique et que vous faites une concurrence déloyale aux palangriers qui pêchent ces espèces
Réponse : Il nous arrive, certes de pêcher des espèces accessoires. Tous les pêcheurs du monde ont affaire a une chaine alimentaire ou chaque espèce est prédatrice d’une autre espèce, il est donc tout a fait normal que lorsque nous trouvons un banc de poisson pélagique, on y trouve aussi d’autres espèces venues s’alimenter dans ce banc. Ce qu’on appelle, dans notre jargon’’ la fausse pêche’’. Mais ce qu’il faut souligner par contre c’est que ces espèces ne représentent que 2% de nos captures annuelles et que nous ne les ciblons pas.
Question :   Certains prétendent que vous destinez  une grande partie de vos captures à la farine de poisson. Ce qui est considéré comme un gaspillage de la ressource. 
Réponse : Permettez-moi de nuancer les choses importantes que vous énoncez. D’abord on ne peut pas analyser le présent sans se référer au passé. Or, par le passé, sur le  million de tonnes de poisson pélagiques que le Maroc avait de tout temps pêché, seuls 30 % allaient aux conserves ou a des procédés valorisant et les 70%  restant étaient destinés à la farine.
Aujourd’hui en ce qui concerne les RSW nous avons inversé les chiffres  plus de 70% sont valorisés et moins de 30% sont  utilisés pour la farine.
Ceci est une réalité, car la sardine est une espèce naturellement très fragile  qui se détériore très vite. Croyez-moi, le résultat obtenu est une prouesse par rapport à d’autrespays comme le Pérou, par exemple qui a une espèce similaire et dont plus de 95%  sont transformés en farine. Ceci étant, aujourd’hui les technologies ayant évolué, la farine de poisson est en train de devenir un produit de plus en plus valorisant.  Ce qu’il faut, c’est analyser les choses, froidement avec le pour et le contre et ne pas s’enfermer dans des tabous.
Question : Il y a eu dernièrement plusieurs associations qui sont apparues. Certaines sont contre vous et d’autres vous soutiennent. Pouvez-vous-nous éclairer ?
Réponse :   Ecoutez, je pense que  cette éclosion d’associations n’est pas le fruit du hasard. Le plan Halieutis qui a été énoncé sous l’égide de sa Majesté a été une véritable feuille de route de développement des régions du sud : les RSW en sont l’émanation. Le plan halieutis permet en effet  le décollage économique des régions sahariennes. Par conséquent, Il est l’ébauche économique de l’autonomie élargie prônée par le gouvernement de  sa Majesté.
Il ne faut donc pas être naïf. Certaines association ayant des objectifs  inavoués, ont tout intérêt à ce que rien ne se fasse au Sahara  et agissent dans cet objectif.
C’est pour cela que parmi toutes ces revendications, si certaines sont certes légitimes, d’autres utilisent la sensibilité de la région  et la médiatisation dont elle est l’objet, agissant contre ce courant d’ouverture et de développement que connaît notre pays pour faire passer des messages et atteindre des objectifs obscurs